J’suis caniphobe mais j’me soigne

J'suis caniphobe : Chatte et chiens

J’suis caniphobe mais j’me soigne

L’amie des animaux qui avait peur des chiens : thérapies

Quand j’avais deux ans, un berger allemand m’a fait dévaler les escaliers avec lui (je parle d’un chien). Il doit être mort aujourd’hui. Moi aussi : morte de trouille.

Je suis championne du monde de changeage de trottoir, escalade sur mobilier urbain, hurlage sur « propriétaires » au loin pour qu’il tiennent leur chien ou tétanisation suante. Puis grosse teu-hon.

Tournée des thérapies.

Psychothérapie, psychanalyse : pipi de chat

A chaque fois que j’ai tenté une thérapie, le sujet a invariablement dérivé vers des questions plus globales que la simple peur des chiens. J’en suis ressortie avec plein de pathologies psychologiques, mais toujours la peur des chiens.

Hypnose : comment j’ai fini vandale

J’ai essayé plusieurs cures, dont une par skype avec un ami d’amie psy qui voulait faire l’expérience. Moi, j’étais fauchée, j’ai tenté. J’avoue avoir programmé un réveil au cas où la connexion s’interrompe pendant que j’étais dans une autre dimension. Mais je suis restée sur Terre toute la séance, et toutes les autres, y compris offline dans un cabinet. Il ne s’agit d’ailleurs pas de rentrer en transe, mais de revivre intérieurement le traumatisme pour le reprogrammer sous un angle moins hardcore.

En ce qui me concerne, la séance qui m’a le plus parlé (et coûté le plus cher), a consisté à visualiser une scène vécue avec chien. J’ai choisi celle-ci :

Je suis seule sur un chemin de montagne enneigé où je suis en vacances. Je descends au village chercher un ami à l’arrêt de bus. Au loin, j’entends des aboiements. La pression monte. Picotements sous les bras malgré la température polaire. Aucune échappatoire. La nature : mon pire cauchemar. J’avance, poussée par le temps. Et sans téléphone. Je n’aime pas être en laisse. Au détour d’un lacet, j’aperçois l’aboyeur approcher avec son « maître » en ma direction. Entre nous, une maison avec une voiture garée devant. Je commence à gesticuler, crier pour que le mec tienne son chien. Il s’énerve, comme la plupart des « maîtres ». Faut dire que je ne suis pas ultra diplomate dans ces moments-là.

La distance devient trop courte, après une dernière sommation, je saute sur le toit de la voiture stationnée. La seule chose qui me rassure est d’être perchée. Le mec et le chien pètent un boulard : c’est leur voiture, devant leur maison. Je tiens là une arme de destruction massive.

Je suis phobique. Je demande juste que vous teniez votre chien le temps que je m’éloigne, sinon je saute à pieds joints sur le toit de la voiture.

J’ai gagné.

 

Retour en séance d’hypnose : le thérapeute propose de me faire revivre cette scène en accéléré et en musique. Ok.
C’est là qu’il lance le générique de Benny Hill. Je ne sais pas si cette technique de dédramatisation est très orthodoxe, mais elle a eu le mérite de me faire marrer et depuis, j’ai moins peur des petits chiens, en tout cas ceux qui n’aboient pas.

 

l’EMDR : comment j’ai fini en cage

L’année dernière, je suis invitée à un mariage sur plusieurs jours dans un lieu où il y a deux gros chiens. J’ajoute l’adjectif « gros » pour faire sensationnel, mais pour moi il ne signifie rien. C’est comme si je te disais

T’inquiète, elle est toute petite ma mygale.

Les initiales EMDR ne signifient pas « extrêmement mort de rire » mais « eye movement desensitization and reprocessing », c’est-à-dire désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires. On va chercher le traumatisme, les souvenirs physiques qui vont avec et on essaie de les dissocier, voire de les associer avec des sensations positives. Le tout suivi par des mouvements droite-gauche des yeux, qui, comme dans notre sommeil, permettent de « digérer » les évènements.

J’y ai appris des notions passionnantes :

– une phobie ne provient pas forcément de sa cause mais aussi du contexte

– un évènement peut provoquer une telle dose de chocottes que le cerveau ne capte jamais que cet évènement appartient au passé. Alerte rouge H24.

D’où mes picotements sous les bras à la vue du moindre caniche abricot, plusieurs décennies plus tard, alors qu’en vrai, je suis totalement en capacité de lui mordre le mollet, aujourd’hui. C’est ce que j’appelle « l’effet pitbull ». Un pitbull bébé craint son « maître », et continue une fois adulte, alors qu’il peut lui infliger une greffe de la face en deux-deux.

En revanche, 800€ plus tard, j’ai toujours peur des chiens. Et j’ai passé les 3 jours du mariage enfermée dans ma piaule. Remboursez ?

 La conclusion du Dr Schuiwert

La seule thérapie que je n’ai pas tentée est l’immersion en élevage canin. Trop flippant. Si tu as un plan de confiance…

Je suis plutôt résistante à tout forme de thérapie. La peur est une forme de protection, et la mienne est ké-blo en mode cataclysme. Qu’il s’agisse d’une simple caniphobie ou que ce soit l’arbre qui cache la forêt, et bien si je tombais l’armure, peut-être que c’est justement là que le cataclysme adviendrait.

De rares « propriétaires » de chiens ont la délicatesse de tenir leur chien en me voyant me figer telle un balai congelé à 500m, et même de me dire un mot compréhensif en arrivant à ma hauteur. C’est suffisamment rare pour le signaler. Une fois tous les 20 ans, a peu près. J’ai envie de les embrasser (mais ils ont un chien).

En fait, je crois que ce qui m’effraie le plus, ce ne sont pas les chiens, mais leurs «  »maîtres ». Et le prix des thérapies.

Chacun chez soi et les chiens seront bien gardés.

 

 

 

 

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