J’teste le supermarché participatif

Supermarché participatif

J’teste le supermarché participatif

J’suis la Louve dans la bergerie

La campagne, j’en suis reviendue au bout d’un an. De retour à Paris, j’atterris dans le 18è temporairement. A défaut de pouvoir m’engager durablement dans une AMAP du quartier, je teste le supermarché participatif et coopératif voisin « La Louve », ouvert depuis 2 ans. J’avais rencontré un de ses fondateurs à l’époque, le concept m’avait séduite mais j’habitais alors dans le 20è. Autant dire à l’autre bout du monde pour une parisienne.

J’ai vu la Louve

Comme expliqué à la réunion d’inscription, ce qui coûte le plus cher à un supermarché, ce sont les employés. A la Louve, 8 salariés seulement pour plus de 4500 coopérateurs actifs, à raison de 3h de travail toutes les 4 semaines. Résultat : des prix 25 à 30% inférieurs à tout autre supermarché, y compris non bio. Et des clients qui ont leur mot à dire sur les produits en rayon, en plus. Ces produits sont choisis selon leur impact environnemental, leur proximité, les plus équitables et goûteux possibles et répondant aux besoins culinaires du quartier. Ils sont achetés via des coopératives et parfois en direct auprès de petits producteurs. Sur le papier, je kiffe.

La contribution d’entrée est de 100€ pour les riches, 10€ pour les pauvres, en gros. Unique et récupérable. J’ai appris à cette occasion que j’étais riche. Ca fait plaiz. Un plaisir à 100€, mais vite récupéré sur l’addition. En effet, là où un plein de courses me revenait à 80€ chez Biocoop, mon premier panier similaire m’a coûté 59€.

Première visite : déco soviétique, rayons pas ras-la-gueule, têtes de gondole austères et pas de radio latina qui capte mal. Zéro marketing. Le paradis. Mais à y regarder de plus près, mon oeil acéré remarque du non bio, du faux bio de grande distrib, du pas-de-saison, du non-local, de l’exotique et enfin, du faux vrac. J’ai pas compris. Du coup, j’ai demandé.

Y’a un loup ? Les réponses du berger à la bergère

Lors de mes deux premiers shifts de membre, j’ai été affectée à l’ensachage. Pendant 3h, j’ai rempli des petits sachets en plastique de fruits exotiques, pommes séchées de Hongrie et ail en poudre de Chine. C’était sympa, mais pourquoi ce reconditionnement de vrac ?

La Louve

Les coopérateurs sont des non-professionnels, par définition. Aussi, il y a souvent des erreurs de pesée, et sur des produits aussi chers au kilo, ça faisait de grosses pertes. On a donc opté pour la pesée en amont, supervisée par un coordinateur.
Quant aux contenants, ce plastique est recyclable, il conserve les arômes et sa transparence est indispensable pour l’acheteur et la personne en caisse.
Enfin, le vrac pour les produits comme les fruits secs pose des problèmes d’hygiène qui sont évités en atelier d’ensachage.

Dans les rayons, il y a du non bio, du faux-bio de grande distrib, du pas-de-saison, du non-local, de l’exotique. Why ?

La Louve

L’idée est d’ouvrir l’offre à tous, y compris aux gens du quartier, populaire et multi-culturel. Toutes les gammes sont souhaitées si elles permettent aux membres de trouver leur équilibre entre bio ou pas / cher ou pas / local ou pas / bon ou moins… tu ne trouveras quasi jamais des produits qui aient toutes les qualités alors on laisse les coopérateurs choisir celles qu’ils veulent. Quand on parle aux familles africaines du coin, ils ont leurs habitudes au marché de Barbès qui propose tous les produits typiques dont ils ont besoin. Nous proposons déjà beaucoup d’épices mais nous sommes ouverts à commander tout nouveau produit qui manquerait.
Nous préférons commencer par une gamme large pour éventuellement la préciser plus tard en fonction des consommations.

Pourtant, dans les rayons de la Louve, je ne vois que des blancs becs et des bobos de mon espèce (des bloblos). Ne pourrait-on pas imaginer d’autoriser l’achat à certaines personnes sans qu’ils se tapent la réunion d’inscription, la contribution de départ et le bénévolat ?

La Louve

Ca sera long, mais nous continuons à entretenir des liens avec toutes les communautés pour les faire venir. En revanche, d’autres expériences à New York et à Londres ont essayer d’ouvrir l’offre sans contrepartie à certaines personnes et ça a mis à mal l’équilibre entre coopérateurs, nous n’allons donc pas tenter l’expérience à Paris.

La Louve cartonne, plus de 4500 coopérateurs : allez-vous arrêter les inscriptions ?

La Louve

Non ! Nous avons encore de la place dans les rayons, c’est juste une question de gestion des stocks et de flux à adapter, à Park Slope à New-York, ils sont 17000 pour 1800m2 et nous plus de 4500, pour une surface de 1450m2, on a de la marge. Le but n’est pas lucratif, tout est réinvesti dans la Coopérative, et nous développerons des services supplémentaires comme celui dans quelques temps de raccompagnement des personnes avec un chariot pour rapporter leurs courses dans un périmètre de 300m. Plus tard peut-être comme à Park Slope, créer un journal d’info pour supporter la file d’attente…


La cerise sur le gâteau c’est l’ambiance très humaine, calme et fraternelle puisque tous les gens qui achètent dans ce magasin y travaillent aussi. Personnellement, à mes créneaux horaires improbables de journée en semaine, je collabore avec d’autres intermitteux du spectacle ou des retraitées top moumoute.

Alors, tu rejoins la meute ?
https://cooplalouve.fr/

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4 commentaires

  1. Donc tu as plutot un avis positif malgré ces remarques ? Ça m’intéresse, je me tâte depuis mon retour a Paris mais cest justement tous ces questionnements qui me bloque. Merci Claire 👌

    1. Oui, pour l’instant je continue, bien que je quitte le quartier, les prix sont tellement bas et les services sympa. J’y viendrai faire mes « grosses » courses et ferai l’appoint dans mon nouveau quartier, et je vais retourner à l’AMAP pour les légumes, en revanche. Et puis de toute façon si jamais on veut arrêter, notre participation de départ peut nous être remboursée. Tu peux aller à une réunion d’information pour te faire une idée ! A bientôt là-bas ?

      1. Je suis coopérateur à La Louve depuis avant l’ouverture et c’est une grande satisfaction que l’expérience parvienne à trouver son équilibre financier & humain. L’un des principes c’est que à La Louve les acheteurs sont au service des clients/coopérateurs et non pas au service des devidendes des actionnaires comme dans un supermarché normal. Ça fait toute la différence !
        En ce qui concerne le service : je fais un service tôt le matin réduit à 2h de 6h à 8h et c’est vraiment cool car on est près de 25 à faire le boulot de 4 ou 6 personnes dans un supermarché normal.

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