Vivent les morts !

Vivent les morts : Mortes de rire, par Polo

Vivent les morts !

Toi aussi, tu es biodégradable

Disons que tu décèdes. Couic. Soit tu te fais enterrer et tu galères à te décomposer, rapport à tous les conservateurs que tu as mangés, soit tu finis en méchoui, et alors là, autant faire ça proprement, sans zigouiller un arbre, voire carrément en en faisant naître un.

Inhumation : des morts en pleine forme !

Les cadavres se décomposent moins facilement qu’avant. La faute à qui ? Les conservateurs ! Non contents de conserver tes yaourts pendant 3 ans et demi, ils empêchent ensuite ton petit corps plein de yaourt de se décomposer, ce qui n’est pas très sympa pour les vers de terre : déjà qu’ils doivent trépigner en attendant que le bois dans lequel tu es mollisse, ils doivent encore galérer pour te boulotter !

Moi, j’aurais grave les boules de ne pas pouvoir être opé direct pour devenir de l’humus. Heureusement, vu que je mange bio, fait maison, sans conservateurs, si je voulais me faire enterrer, je pourrais devenir du terreau en 30 minutes chrono. Et du bio.

Mais je préfère me faire crémer, crématorer, crémationner, bref, me faire cramer – Punaise ! A ce moment précis de ma phrase une bûche a toqué à la vitre de mon poêle en tombant, j’ai flippé ma race dans cette petite ambiance Halloween. –

 

Crémation : les boî-boîtes

Réservés à la crémation, on trouve une gamme insoupçonnée de cercueils et urnes carrément estampillés « écologiques », y compris sur le site du Service Funéraire de la Mairie de Paris. Il y a même un petit picto « feuille » pour l’illustrer, c’est dire.

  • cercueil en carton

« Capitonné en coton gaufré à volant », avec ou sans « bustier », hermétique (la dèche pour les vers) ou pas  : si c’est pour finir en méchoui, je ne vois pas l’intérêt d’emmener avec soi un innocent cercueil en bois et donc un arbre qui n’a rien fait. Surtout s’il a été coupé à Pétaouchnok, car l’indication enjôleuse « made in France » ne signifie pas « tronçonned in France ». Tout ça pour finir brûlé dans un four du Père-Lachaise dans une ambiance de merde.

Autant limiter les dégâts et opter pour un cercueil en carton, même si ça fait cheap, rien ne sert d’être mégalo quand on est dead. D’autant que ces cercueils peuvent être personnalisés et que le carton est en papier recyclé. On en trouve chez AB Crémation* (à ne pas confondre avec « AB productions ») pour la modique somme de 299€, ce qui est donné par rapport au tarif des cercueils en bois que j’ai pu trouver ailleurs : 1169€ et jusqu’à 7899 boules avec toutes les options. Ca fait cher le feu de joie, d’autant que ce sont pas les seuls frais.

 

  • urne biodégradable

En amidon de maïs, carton ou sable, « fabriqué en France », « fait main par des artisans », il existe un large choix d’urnes écologiques. Oui, parce qu’une fois qu’on est redevenu poussière, il faut encore, une dernière fois, être bien rangé dans une boîte, même quand on n’est plus qu’un tas de cendres informe.

Sur le site de la Mairie de Paris, ces urnes ont toutes des noms de people égyptiens ou grecs (morts) assez vendeurs, mais j’ai un petit faible pour celle en cellulose « avec graine au choix ». En effet, plutôt que de finir simplement en terreau ou en cendres, pourquoi ne pas être durable en donnant vie à un végétal ? En plus, on peut même customiser avec une photo de pépé ou personnaliser avec des feutres, qui peuvent être fournis, selon les services de la Mairie de Paris. L’aubaine. En revanche, ce qu’ils ne peuvent pas nous fournir, eux, ce sont les prix. Je ferai donc la pub pour AB Crémation qui propose des urnes en carton à partir de 30€, 70 pour les versions décorées.

Quoi foutre des cendres ?

Officiellement, on ne peut pas faire n’importe quoi avec ce qui reste de notre gentil mari. Interdit de garder l’urne chez soi, mais on peut la déposer dans un endroit « publique » pour que tous puissent venir se recueillir (genre l’ex-femme relou).

  1. Sur/en terre : on peut enterrer l’urne dans un « jardin cinéraire » ou la déposer dans un « colombarium ». On peut aussi disperser les cendres dans un « jardin du souvenir », un genre de canisette collective pour cendres, mais t’inquiète, y’a une pla-plaque. Il est aussi légal de le faire dans la nature, avec autorisation (préalable) du défunt, et du propriétaire du terrain, qui sera « un grand espace privé accessible au public », lieux publiques et propriétés privées étant exclus.
  2. La submersion en mer est autorisée, à certaines conditions, dont l’une est que l’urne soit biodégradable ; la dispersion des cendres y est également une option.
  3. Dans les airs, des services existent pour larguer grand-tata dans la stratosphère, on est juste sensé le déclarer à sa mairie de naissance pour « traçabilité ». A partir de 800€. Pour la version orbitale, pour l’instant c’est réservé aux Américains, en particulier aux acteurs de Star Trek. Compter de 4500 à 10000€. Et après, il y a la Lune : States, encore une fois, et 11250€. Le gramme.

 

Les charognards de la mort qui tue

Je n’ai pas trouvé de cercueils en carton dans le catalogue des Services funéraires de la Ville de Paris (je m’éclate), et encore moins les prix des autres « produits » proposés. Renvoyée de service en service, je n’ai trouvé qu’un silence de mort sur la question. Quant au siège, il diffuse le message « votre interlocuteur ne souhaite pas être dérangé ». Tu m’étonnes : en appelant AB Crémation, qui affiche tous ses prix de manière transparente, voire, l’ai-je compris, militante, j’ai eu un éclairage fort instructif sur la question :

Malgré leur homologation officielle, les cercueils en carton sont boycotés par bon nombre de municipalités. Par exemple, la ville de Marseille les accepte en imposant un horaire où les policiers « ne sont pas disponibles » pour venir poser les scellés. Mais ce n’est rien à côté de Paris qui surfacture 180€ au prétexte d’un surcoût énergétique. Pour brûler du carton et pas du bois, sérieux ?!

Depuis 9 ans, AB crémation se bat, fait passer des tests qui jettent ces théories énergétiques fumeuses au feu. Très récemment, avec l’aide des familles des défunts, ces démarches ont abouti à un contrôle par le Service des Fraudes : les Services Funéraires municipaux se sont fait taper sur les doigts. Et toc !

 

Happy end

Je me souviens d’une cérémonie particulièrement difficile, un de mes amis qui s’était suicidé, jeune. Il avait prévu de donner ses organes, ce qui m’avait franchement remonté le moral, en fait : il préférait mourir mais a permis à d’autres de vivre. Ses parents avaient organisé un buffet hyper réconfortant dans la chapelle du Père-Lachaise, en diffusant ses chansons super drôles (ce qui me faisait pleurer), et en nous demandant de leur raconter ce que nous avions tous vécu avec leur fils. Cette approche positive nous a permis de supporter plus facilement la crémation en cours. Je m’y suis même fait une amie dans l’assemblée, que je vois toujours aujourd’hui (enfin jeudi dernier pour être précise).

 

Don d'organes surprise, par Polo

De la maternelle à l’université, on est enfermé (on appelle cela le « bahut »), puis tout le monde travaille et vit dans des « boîtes » plus ou moins petites ; pour s’amuser, on va en boîte et on y va dans sa « caisse » ; enfin, on rentre dans une boîte à vieux et on retrouve la dernière boîte que je vous laisse deviner !

Pierre Rabhi


Un grand merci à *AB Crémation

Dispersion des cendres, plus d’infos : simplifia.fr

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2 commentaires

  1. Il y a aussi les urnes en sel qui se disolvent dans l’eau (vu en Ariège)
    Bien vu pour la citation !
    Perso j’opterais pour l’urne en cellulose et graines plantée dans un village de mon enfance

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