La réincarnation des objets
réutiliser, récupérer, réparer
et autres trucs en « re »
Seconde main (ou plus si affinités)
Piétinage, hésitations, envie de pipi : je n’ai jamais aimé le shopping.
Ensuite, j’ai commencé à ne pas supporter le double emploi : deux jeans bleus, deux paires de baskets. Et aujourd’hui, je n’arrive carrément plus à acheter du neuf.
Je fais le tour des dépôt-vente, du bon coin, des sites à option « don/échange »*, et de mes amis parfois contents de se débarasser de leur brol, comme disent les belges.
De la même manière je donne ce dont je ne me sers plus, ou je tente de le vendre, pour ce que je n’ai pas usé jusqu’à la corde : par exemple, j’ai réussi l’exploit de vendre tout un équipement de boxe utilisé pendant un an, y compris les chaussures. Sauf le protège-dents.
Ou encore, j’ai donné mon vieil appareil à cire à la Ressourcerie** (écolo), après un nettoyage à l’essence de Térébentine (archi pas écolo). J’ai à cette occasion découvert la déchetterie*** la plus proche de chez moi, ce qui permit une agréable promenade un dimanche d’ennui pour aller jeter cette bouteille toxique à ne surtout pas garder chez soi, selon ma copine Loren, restauratrice d’art.
J’ai retrouvé dans un Emmaüs un épilateur électrique comme neuf pour 2€, mais c’est une autre histoire qui a commencé dans l’article A poil !
Et pourtant je ne suis pas chineuse : sous toute cette crasse, je suis incapable de différencier une table scandinave authentique d’un bidet Bricorama de contrefaçon. Résultat : grâce à tous ces efforts pour consommer le moins possible, je suis l’heureuse habitante de la maison la plus mal aménagée de France.
Réparation : c’est dans les vieux pots
Je n’arrive donc pas acheter du neuf, mais je n’arrive pas non plus à jeter du vieux. Ni à jeter quoique ce soit, en fait. Mais comme je n’aime pas accumuler, chaque acquisition est (trop) longuement réfléchie.
En plus d’avoir la maison la moins bien meublée de France, j’ai aussi la vaisselle la plus recollée du monde (par moi) et les chaussettes les plus reprisées de l’univers (par maman). D’ailleurs ma vaisselle me vient d’une grand-mère, ce qui nous fait des vacances d’Ikea. La dernière fois que je m’y suis retrouvée, j’ai eu une attaque de panique au beau milieu de ce labyrinthe de déco aseptisée, de matériaux au rabais, aux employés pressés comme des citrons, aux prix anormalement bas, à 30 minutes de marche de la première sortie, et à 1h de toute civilisation.
Enfin, quand je ne sais pas réparer moi-même (c’est-à-dire pour tout le reste), j’apporte mes objets cassés dans un Repair Café** : ils ont déjà réparé mon déshumidificateur, mon imprimante, mon ampli hi-fi de récup, mon miroir lumineux de salle de bain, et même échangé mon vieux clavier d’ordi (deux ans) contre un plus vaillant. C’est prix libre, et j’ai même fini par donner des cours de guitare à un des réparateurs.
Malgré tous ces objets d’occasion, je reste classe, et je ne dépense pas des sommes folles, encore moins que si c’était chez Ikea d’ailleurs, ce qui n’est pas le but premier, mais qui n’est pas plus mal.
Matières : le plastique c’est pas fantastique
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le verre
Je le privilégie : recyclable à l’infini et naturellement sans BPA, ce chouette revêtement toxique dans les contenants alimentaires plastique, qui avait été mis au jour dans les tétines de biberon. Inutile de préciser que je garde les contenants en verre pour les utiliser plus tard. Quand je prends conscience que j’en ai trop (1500), alors je les donne dans une ressourcerie ou en direct à un(e) fabricant(e) de confitures.
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Le métal
C’est bien, recyclable pour certains. Mais l’acier c’est pô bon pour la santé : je viens de passer d’une cafetière à l’italienne en acier (donnée) à une cafetière en verre.
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Le carton
Ca se recycle, ok. J’ai quand même gardé mes cartons de déménagement pendant 12 ans sous mon lit, c’est long, mais ils m’ont bien servi finalement.
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Le papier
J’y vais mollo : j’imprime peu, en privilégiant le dos des feuilles déjà utilisées (ou comment dévoiler le résultat d’un frottis en lisant une partition en face d’un élève). J’ai trouvé une technique pour imprimer recto-verso avec ma vieille imprimante (11 ans). J’ai aussi réutilisé les flyers des dernières élections, le format est pas mal comme bloc-note. J’ai juste gardé intact celui de Guy Deballe car il m’a bien faite rire.
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Les fringues
Exit le plastique aussi, c’est-à-dire le polyester, le nylon, l’élasthanne (tiens, en vérifiant l’orthographe, je viens de découvrir le « fétichisme de la seconde peau ». Merci Wikipédia). Donc plutôt du coton, du Lyocell, des fibres recyclées ou bien alors des fripes. Accroche-toi pour trouver des culottes en coton bio. Tu vas trouver du blanc moche. Et je te parle même pas des soutifs.
Contenants : comme Grand-mère
Le premier truc c’est de refuser tout sac, déjà, même en papier, même en payant.
Ensuite, je fais exactement comme ma grand-mère faisait (je trouvais ça trop chelou à l’époque) : plastique, verre, papier cadeau… je garde le moindre contenant qui me passe sous la main, je lui trouve toujours un usage. Par exemple, je garde tous les sacs qui passent par chez moi et les utilise jusqu’à la moëlle. J’en ai même un d’une boucherie de Tours alors que je suis végane à Paris. Je me disais qu’un jour je jetterais tout pour acheter de jolis bocaux et boîtes neufs, mais lors de mon dernier déménagement, j’ai échoué.
Pour les courses, je prends le même sac depuis des années (j’en viens à avoir hâte qu’il décède pour enfin en changer) et des sachets en papier pour les légumes et le vrac. Je projette de passer aux sachets en tissu de récup, mais en ce moment ma mère a d’autres chats à fouetter que la couture. Et si j’ai oublié mon sac, et bien je porte avec mes petits bras ou je blinde mon panier de vélo en accrochant élégamment le PQ au guidon.